Le calendrier républicain

Le Calendrier Républicain fut inventé et utilisé sous la révolution française.

Il survécut à la chute des Robespierristes le 9 Thermidor de l'an II, puis à la convention thermidorienne, au Directoire, au Consulat et fut finalement abandonné par Napoléon pour des raisons pratiques et politiques.

Il fut adopté le 14 Vendémiaire de l'année II (5 Octobre 1793) et resta le calendrier officiel jusqu'au 10 Nivôse an XIV (31 Décembre 1805). Il fut brièvement réemployé par le gouvernement insurrectionnel dans les derniers jours de la Commune de Paris, du 6 Mai au 23 Mai 1871.

Le Calendrier Républicain fut proposé à la Convention par le Comité d'instruction publique, mais fut surtout l'oeuvre d'un personnage méconnu de la Convention, Gilbert Romme.

Les principes fondateurs étaient les suivants :

Les douze mois sont nommés Vendémiaire (Mois des vendanges) , Brumaire (Mois des brouillards), Frimaire (Mois des Froids), Nivôse (Mois des neiges), Pluviôse (Mois des pluies), Ventôse (Mois des vents), Germinal (mois de la Germination), Floréal (Mois des floraisons), Prairial (Mois des prés) , Messidor (mois des Moissons), Thermidor (Mois des chaleurs ou des bains) et Fructidor (mois des fruits). Ces jolis noms furent proposés par le poète et révolutionnaire Philippe Fabre d'Églantine.

Dans une première version les noms étaient nettement moins jolis et se rapportaient à des épisodes révolutionnaires. De plus, jusqu'au dernier moment avant sa proposition à la Convention, l'avant-dernier mois s'appelait Fervidor (du latin signifiant chaleur). Thermidor signifie la même chose, mais est tiré du grec, sauf s'il se réfère aux bains (thermes), d'où les deux versions proposées plus haut.

Un premier décret de la Convention instituant le calendrier fut adopté le 5 Octobre 1793, contenant le principes édictés plus haut. Il prévoyait que les heures elles-mêmes fussent remaniées en divisions décimales, mais cela ne prit jamais et fut abandonné un an ou deux plus tard.

Le terme "calendrier" étant jugé trop orienté culturellement, on lui substitua celui d'annuaire.

On mit un certain temps à s'apercevoir que les principes du décret étaient contradictoires. Ainsi, on ne peut pas à la fois faire démarrer chaque année le jour de l'automne et placer un jour supplémentaire tous les 4 ans. Pour maintenir la première condition, le jour supplémentaire survient souvent tous les 4 ou 5 ans, la deuxième possibilité arrivant en moyenne trois fois par siècle, mais sans régularité.

De plus, on ne peut pas connaître à l'avance le jour et l'heure de l'équinoxe d'une manière suffisamment précise pour lever tous les cas douteux (par exemple quand on trouve qu'il sera juste avant ou après minuit). Cette imprécision était non conciliable avec les impératifs de mesure juste du temps et de prédiction.

Enfin, la condition équinoxiale plaçait la première année sextile en l'An III, ce qui ne formait pas une Franciade correcte.

Dans un premier temps, la Convention sortit un nouveau décret comportant cet article : << L'année ordinaire reçoit un jour de plus, selon que la position de l'équinoxe le comporte, afin de maintenir la coïncidence de l'année civile avec les mouvemens célestes.>>. (non, il n'y a pas de faute à "mouvemens"). Mais on conservait l'idée des périodes de 4 ans.

Finalement, en Floréal an III (le calendrier avait un an et demi), Romme écrivit une proposition de réforme pour faire du calendrier un instrument régulier, sur des principes de régulation proches du calendrier grégorien :

On ajouterait un jour supplémentaire au bout des périodes de 4 ans, sauf tous les 100 ans, sauf tous les 400 ans, sauf tous les 4000 ans. Cette dernière correction rendait le calendrier réformé plus précis que le nôtre.

La réforme était urgente car dans le projet, l'An III ne devait pas être sextile, alors que la règle équinoxiale imposait qu'il le fût, et l'An III se terminait 5 mois plus tard.

Seulement, l'histoire a rattrapé Romme qui fut accusé le mois suivant de collusion avec des agitateurs qui avaient envahi l'assemblée le 3 Prairial. Il fut condamné à mort et se suicida le 22 Prairial, avant d'avoir présenté son projet.

Le comité d'instruction publique réexamina le projet et décida finalement de ne pas le proposer, en particulier parce qu'on avait déjà établi les annuaires de l'année suivante et que le peuple pourrait décrocher complètement si on les modifiait. Ce fut Joseph Lakanal qui alla à la Convention présenter ces conclusions.

On continua donc à appliquer la règle équinoxiale jusqu'à l'abandon du calendrier en 1806. Mais à l'époque, des scientifiques avaient indiqué qu'on aurait pu le conserver si l'on appliquait le projet de réforme de Romme.

Cela aurait été possible en particulier à partir de l'an 16 car après l'an 15, l'année sextile suivante aurait été l'an 20. Alors les deux règles (équinoxiale et réformée "des 4 ans") auraient coïncidé jusqu'en l'an 52. On aurait eu des années sextiles tous les 4 ans, tombant sur les années multiples de 4 (Franciades vraies) tout en maintenant le premier jour de l'année à l'équinoxe d'automne.

Si la réforme avait été adoptée pendant sa période d'emploi, l'an 52 devait être considéré comme sextile (règle des 4 ans), mais avec la règle équinoxiale, c'eût été l'an 53.

Le calendrier utilisé en 1871 par la Commune est conforme à la règle équinoxiale, mais peut-être aussi à l'autre (les écarts se rattrapent de temps à autres).

De nos jours, certains l'emploient (sur les forums par exemple) et je pense que là aussi c'est la règle équinoxiale qui est appliquée.

 


Choses à voir et/ou télécharger :

Pour en savoir plus sur le calendrier républicain, je vous conseille vivement "Le Calendrier Républicain" publié en 1989 par le Service des Calculs et de Mécanique Céleste du Bureau des Longitudes.

Voir : http://www.bdl.fr/publif.html#autres.

 


D'autres liens :

 


Page mise à jour le 24 mars 2007.